Le dessinateur Jean-Louis Pesch connu pour la célèbre série « Sylvain et Sylvette » est aujourd’hui à l’honneur grâce à des publications en forme de gags des aventures de Bec-en-fer dans le journal « Ouest-France Dimanche ».
Mais saviez-vous que les Éditions P’tit Louis, éditeur breton indépendant, publia un album en 2009 : « Bec en Fer – Moult Gags diantrement désopilants » ?
Dans notre édition de dimanche Ouest-France, nous publions des strips (1) de Bec en fer, antihéros rigolo du dessinateur de Sylvain et Sylvette. Mais, au fait, qui est-il vraiment ?
Les gens d’ici
Jean-Louis Pesch, c’est un trait. De crayon, bien sûr. Porté par une main d’ « artisan rural besogneux », comme il aime à se qualifier. Tracé depuis qu’il est tout môme, depuis l’âge de 4 ans. Et jamais interrompu. « J’ai toujours voulu être dessinateur », vous dit-il, le sourire en coin. C’est, aussi, un trait d’humour. Simple, joyeux. Sans cynisme. Un humour encré dans les 4 800 pages qu’il a remplies, depuis 1956, pour conter les aventures de Sylvain et Sylvette, véritables légendes de papier dans le monde de la bande dessinée.
Juvardeil, sa commune
Lui, bien sûr, modeste comme pas deux, il vous dirait qu’il n’a fait que prendre le relais. Que le « grand homme », c’est Maurice Cuvillier, qui a donné vie aux deux héros de la forêt, en 1941. À chaque fois qu’il peut lui rendre hommage, il ne se gêne pas.
Jean-Louis Pesch, c’est, aussi, un village. Une petite commune, perchée là-bas, dans le Haut-Anjou. Un havre de paix nommé Juvardeil, où il est arrivé alors qu’il n’avait que quelques jours, en 1928.
C’est là qu’il a découvert et aimé la nature, les animaux. Qu’il a connu Jeanine, sa copine d’enfance, avec qui il jouait « au papa et à la maman ».
À chaque fois qu’il convoque son souvenir, c’est le même dessin. Jean-Louis retombe en enfance, ce monde qu’il n’a jamais vraiment quitté.
L’émotion fait cligner ses paupières et, pendant un temps, juste un instant, il se plaît à penser… Mais ainsi va la vie. Et Jean-Louis Pesch devient regret, parfois. Celui d’avoir perdu sa « petite sœur de cœur », sans l’avoir vraiment vue grandir.
20 millions d’albums vendus
Jean-Louis, c’est, encore, une humilité. Bien vivante. Parce que dans le monde de la BD, il est une légende. Un père respecté, aux vingt millions d’albums vendus. Lui, l’ami du regretté Cabu, qui peut s’enorgueillir d’avoir une rue à son nom, là-haut, à Juvardeil.
Lui, l’éternel enfant du neuvième art, l’éternel enfant de Juvardeil. Dont la carrière ne saurait s’arrêter à Sylvain et Sylvette, loin de là.
Il a croqué, pour deux albums, Les Pieds nickelés, en 1981. Il a dessiné, beaucoup, pour les minots, à ses débuts. Et donné vie, avec Henriette Robitaillie, en 1961, à Bec en fer, qu’il a repris, seul, en 1981.
Sept albums relatent les aventures de cet antihéros, situées en 1412. Où l’on suit les aventures du baron d’Anyo, volatile volontiers comploteur, sous le règne du roi Charles VI, en plein conflit entre les Armagnacs et les Bourguignons.
Il y développe une subtile satire de ses contemporains. C’est fin, juste, terriblement bien documenté, toujours d’actualité. Et c’est poilant, tout simplement.
Voilà, Jean-Louis Pesch, c’est… tout ça. Une vie au service de la BD. Un lieu, des souvenirs, un peu de nostalgie et des albums à la postérité.
C’est un travail, immense. Un artisanat, rigoureux. Et, quelque part, entre tous ces états, juste… un grand bonhomme.
Retrouvez dans les éditions de Dimanche Ouest-France, des strips de Bec en fer, signées Belom (scénario) et Jean-Louis Pesch. Publiées une première fois dans nos colonnes dans les années 80, elles font leur retour. L’occasion de découvrir ou redécouvrir l’antihéros à plume du Moyen Âge !
(1) Petite bande dessinée de quelques cases.
Article écrit par Jean-Philippe NICOLEAU et paru dans Ouest-France, le 26/03/2016.